Voici quelques extraits de différentes critiques, parues à partir
de 1877 dans la presse ou dans divers ouvrages, où il est question du tableau de
Blaise Desgoffe.
Dans La Gazette des Beaux-Arts (p. 52) : « M.
Desgoffe prend en 1877 une importance exceptionnelle. Jamais il n’avait exécuté
avec pareille liberté et une si heureuse coloration. Une mission d’exactitude a
été confiée à ce peintre par quelque voix d’en haut. On a raillé souvent ses
efforts persévérants pour arriver au trompe-l’œil absolu, qui, s’il était absolu, en effet, pourrait être
proclamé le but unique de la peinture, mais aujourd’hui cette exactitude, par
son intensité, devient une vertu supérieure, puisqu’elle est appuyée d’un faire
plus aisé, plus ample. Les livres, la carabine, et surtout le casque et le
bouclier de Charles IX, reproduits avec cette fidélité, cette coloration
sérieuse et sûre, représentent des documents du plus vif intérêt. »
Détail du tableau (agrandir) |
Dans La Revue des Deux Mondes, par Henry Houssaye (1877, tome
21) : « Dans une immense toile, M. Blaise Desgoffe a méthodiquement posé,
sans aucun souci du pittoresque, une partie du bric-à-brac du musée des
Souverains : le casque et le bouclier de Charles IX, l’éperon de
Charlemagne, une carabine du xvᵉ
siècle, un missel enluminé, et beaucoup d’autres choses. Ces divers objets sont
appuyés contre la grille d’entrée de la galerie d’Apollon du Louvre !
C’est toujours la même exécution patiente, minutieuse, impassible, froide et
léchée, qui, bien qu’on se l’imagine, ne rend nullement l’apparence des objets.
Voyez les feuillets de parchemin du missel, où le peintre a copié avec un soin
méticuleux les miniatures et les caractères gothiques : ne sonneraient-ils
pas comme du fer-blanc ou de la tôle vernie si on y touchait ? Ce n’est
pas tout de préciser la forme et la couleur des objets, il faut faire sentir
leur matière plus ou moins dense, plus ou moins diaphane, plus ou moins fluide,
leur être en un mot. »
Dans
L’Art à Paris,
de Tullo Massarani, t. II (Renouard éd.,
1880) : « Parallèlement à cette rénovation de la peinture champêtre
procède la transformation de la peinture de paysage, dont je ne saurais me
passer de dire un mot, avant de quitter l’art français. Je ne parlerai point
des animaliers […]. Je ne dirai rien non plus des peintres de nature morte, et
je me bornerai à remarquer que les deux différentes familles de talents qui,
aux siècles passés, ont rivalisé de mérite dans cette province de l’art, ne
sont pas sans avoir laissé en France de fort dignes héritiers et continuateurs.
Pour ma part, j’appellerais volontiers Van Aalst et les deux De Heem les
fidèles chanceliers plutôt que les poètes de la nature ; et, dans cette
fidélité d’inventaire, je ne sais qui, parmi les modernes, pourrait mieux les
remplacer que M. Desgoffe. Depuis les éperons de Charlemagne jusqu’à la carabine
de Charles IX, et depuis celle-ci jusqu’à l’enclume de Louis XVI, il
vous refait sous les yeux l’histoire de France rien qu’avec le
garde-meuble. »
Dans
le Grand dictionnaire universel du xixᵉ
siècle (supp.,
tome 17) de Pierre Larousse : « M. Desgoffe continue à être le
peintre merveilleux de la curiosité et du bibelot ; on n’ose dire de la
nature morte, tant il sait donner du relief et de la réalité à ses toiles.
C’est donc en toute justice qu’en 1878 il reçut la Légion d’honneur. Depuis
1877, il a pris part à tous les Salons annuels et aux Expositions. Parmi ses
tableaux les plus remarqués, nous citerons : le Casque et le bouclier
de Charles IX
(1877)… »
De
Théophile Gautier dans le Guide de l’amateur au musée du Louvre, suivi de la
vie et les œuvres de quelques peintres (G. Charpentier éd.,
1882, pp. 23-24) : « Traversons à présent la galerie d’Apollon pour
nous rendre au Salon carré, où se trouvent réunis les chefs-d’œuvre de toutes
les écoles. C’est une magnifique galerie admirablement restaurée, dont le milieu
est rempli par des vitrines renfermant des vases d’argent, des coupes d’or, des
onyx, des jades, des bijoux, des émaux et tous ces joyaux où le travail dépasse
encore la matière quelque précieuse qu’elle soit. Vous reconnaîtrez là les
modèles que Blaise Desgoffe sait rendre avec une si merveilleuse
illusion. »
Il manque une critique, celle de JK Huysmans, parue dans "l'actualité à travers le monde de l'art" (17 juin 1877) : "Ah ! le tableau de M. Desgoffe ! Je grince des dents à sa vue. Jamais selon moi, oeuvre ne fut plus insultante pour l'art !
RépondreSupprimerCette toile, haute comme une maison, représente le casque et le bouclier d'or de Charles IX, l'éperon de Charlemagne, une carabine du XVè siècle, un missel et la grille d'entrée de la galerie d'Apollon du Louvre.
Le tout est jeté pêle-mêle, en tas, par terre et la grille sert de fond.
Le procédé de cet artisan est connu : Reproduire miettes par miettes, tout ce qu'il a devant les yeux !
Oh ! c'est admirable ! les plus petites rainures du casque sont rendues avec un soin qui n'a peut-être jamais été égalé. Les pages du livre ont en haut la froissure des doigts qui les ont touchées. M. Desgoffe a dû passer bien des mois pour fourbir ainsi sa grille. Tout y est, c'est unique, c'est splendide, un défaut dans le fer, grand comme un bout d'ongle, est observé, c'est le comble de la patience et c'est aussi le comble de la laideur !"
Merci pour ce rajout !
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